Crise de l’immobilier : halte au catastrophisme, alertent les promoteurs bretons – Nicolas Verpeaux
Nicolas Verpeaux représente les promoteurs bretons, réunis au sein d’une fédération professionnelle. Photo Fédération des promoteurs immobiliers de Bretagne. Propos recueillis par Romain Roux.
Interview de Nicolas Verpeaux, président de la Fédération des promoteurs immobilier : Rennes « Les prix du neuf ne vont pas s’effondrer » pour LE TELEGRAMME
Pour Nicolas Verpeaux, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Bretagne, les prix des logements neufs ne vont pas s’effondrer, contrairement à ce que certains laissent entendre.
Partagez-vous la morosité ambiante autour de l’immobilier ?
Le marché est très compliqué et on ne peut pas le nier. Mais il est difficile d’imaginer que les prix vont baisser, voire s’effondrer, en 2024, comme je le lis parfois. Il y aura peut-être des baisses dans l’ancien. Mais pas dans le neuf, en tout cas pas significatives ou durables.
Pourquoi ?
Dans le neuf, les promoteurs ont un prix technique en dessous duquel ils ne peuvent pas descendre. Je ne nie pas qu’il y a, en ce moment, des effets d’opportunité, avec des campagnes promotionnelles sur les logements neufs. Mais c’est conjoncturel. À un moment donné, les prix ne pourront pas baisser beaucoup plus que ça.
Vous ne partagez donc pas l’inquiétude actuelle ?
La situation est inquiétante, bien sûr. La hausse des taux d’intérêt a rendu une partie de la clientèle insolvable. Mais je le répète : je ne pense pas que les prix du neuf vont baisser. D’autant que ce bruit de fond nourrit l’attentisme. Les clients se disent : puisque les prix vont s’effondrer, attendons 2024. Cela renforce la problématique actuelle, alors que c’est peut-être maintenant qu’on peut faire des bonnes affaires ! Autre point important : le dispositif Pinel (qui permet aux investisseurs de réduire leur impôt sur le revenu, NDLR) va, certes, être supprimé. Mais il est encore en vigueur pendant 15 mois. Il faut que les investisseurs en profitent.
Les crédits immobiliers sont de plus en plus difficiles à obtenir, ce qui veut dire moins de clients. Faute d’acheteurs, les promoteurs vont-ils se retrouver avec un stock de logements neufs sur les bras ?
Certes, il y a un ajustement en ce moment parce que les taux d’intérêt ont augmenté. Mais l’offre de logements neufs est faible. Depuis longtemps, on entend parler de l’insuffisance de la construction en France. Cela a au moins eu l’avantage de ne pas créer beaucoup « d’offre dure », ces logements dont la construction a commencé mais qui ne sont pas vendus.
La situation actuelle va-t-elle renforcer la pénurie ?
Il faut apporter des solutions à la problématique de la solvabilité des clients. L’augmentation a été rapide et il y a eu un effet de surprise. Mais ce sont des taux d’intérêt que l’on a déjà connus à une époque récente. À un moment donné, les choses reviendront dans l’ordre. Il faudra à nouveau que l’on se penche sur la question du manque d’offre en France. Si on continue à ne pas produire assez, comme par le passé, on va rester dans une situation de pénurie.
Rennes métropole révise en ce moment son plan local de l’habitat. Elle se donne pour objectif de produire 5 000 logements par an pour répondre aux besoins. Ce chiffre vous paraît-il réaliste, au vu du contexte ?
Les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui. Dans la situation actuelle du marché, nous avons une difficulté à trouver un équilibre économique et donc à lancer des opérations. On va donc continuer à discuter avec la métropole, qui est toujours en demande d’échanges, pour trouver des solutions.